Appendice II : Textes du Magistère Social de l'Eglise correspondants à quelques notes plus significatives des " Orientations "
(7) " Nous réaffirmons tout d'abord que la doctrine sociale enseignée par l'Eglise fait partie intégrante de son enseignement sur la vie humaine. Aussi désirons-nous vivement la voir de plus en plus étudiée. Nous demandons qu'elle soit enseignée comme matière obligatoire dans toutes les écoles catholiques à tous les degrés, surtout dans les séminaires " (Mater et Magistra, 222. 223).
(10) " La doctrine sociale de l'Eglise n'est pas une " troisième voie " entre le capitalisme libéral et le collectivisme marxiste, ni une autre possibilité parmi les solutions moins radicalement marquées: elle constitue une catégorie en soi. Elle n'est pas non plus une idéologie, mais la formulation précise des résultats d'une réflexion attentive sur les réalités complexes de l'existence de l'homme dans la société et dans le contexte international, à la lumière de la foi et de la tradition ecclésiale. Son but principal est d'interpréter ces réalités, en examinant leur conformité ou leurs divergences avec les orientations de l'enseignement de l'Evangile sur l'homme et sur sa vocation à la fois terrestre et transcendante; elle a donc pour but d'orienter le comportement chrétien. C'est pourquoi elle n'entre pas dans le domaine de l'idéologie mais dans celui de la théologie et particulièrement de la théologie morale " (Sollicitudo rei socialis, 41).
(14) " L'évangélisation ne serait pas complète si elle ne tenait pas compte des rapports concrets et permanents qui existent entre l'Evangile et la vie, personnelle et sociale, de l'homme " (Evangelii nuntiandi, 29). " Entre évangélisation et promotion humaine — développement, libération — il y a en effet des liens profonds. Liens d'ordre anthropologique, parce que l'homme à évangéliser n'est pas un être abstrait, mais qu'il est sujet aux questions sociales et économiques. Liens d'ordre théologique, puisqu'on ne peut pas dissocier le plan de la création du plan de la Rédemption qui, lui, atteint les situations très concrètes de l'injustice à combattre et de la justice à restaurer. Liens de cet ordre éminemment évangélique qui est celui de la charité: comment en effet proclamer le commandement nouveau sans promouvoir dans la justice et la paix la véritable, l'authentique croissance de l'homme? " (Evangelii nuntiandi, 31).
(18) " La doctrine sociale de l'Eglise catholique a, sans le moindre doute possible, une valeur permanente.
Son principe essentiel est que l'homme est le fondement, la cause et la fin de toutes les institutions sociales — l'homme, être social par nature et élevé à un ordre de réalités qui transcendent la nature. En partant de ce principe fondamental, qui proclame et garantit la dignité sacrée de la personne, la Sainte Eglise, surtout depuis cent ans, avec le concours de prêtres et de laïcs qualifiés, a mis au point un enseignement social. Elle y indique avec clarté comment organiser les relations humaines selon des normes universelles, conformes à la nature des choses, adaptées aux diverses conditions de la société et aux caractères de notre époque, et, partant, susceptibles d'être acceptées par tous " (Mater et Magistra, 218. 219. 229).
(19) " ... nous devons rappeler tout d'abord le principe, déjà mis en pleine lumière par Léon XIII, que Nous avons le droit et le devoir de Nous prononcer avec une souveraine autorité sur ces problèmes sociaux et économiques... Sans doute, c'est à l'éternelle félicité et non pas à une prospérité passagère seulement que l'Eglise a reçu mission de conduire l'humanité; et même " elle ne se reconnaît " point le droit de s'immiscer sans raison dans la conduite des affaires temporelles. A aucun prix toutefois elle ne peut abdiquer la charge que Dieu lui a confiée et qui lui fait une loi d'intervenir, non certes dans le domaine technique, à l'égard duquel elle est dépourvue de moyens appropriés et de compétence, mais en tout ce qui touche à la loi morale. En ces matières, en effet, le dépôt de la vérité qui Nous est confié d'En Haut et la très grave obligation qui Nous incombe de promulguer, d'interpréter et de prêcher, en dépit de tout, la loi morale soumettent également à Notre suprême autorité l'ordre social et l'ordre économique " (Quadragesimo anno, 44. 45).
(23) " ..... L'Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Evangile, de telle sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique" (Gaudium et spes, 4).
(57) " Le but fondamental d'une telle production n'est pas la seule multiplication des biens produits, ni le profit ou la puissance; c'est le service de l'homme: de l'homme tout entier, selon la hiérarchie de ses besoins matériels comme des exigences de sa vie intellectuelle, morale, spirituelle et religieuse; de tout l'homme, disons-nous, de tout groupe d'hommes, sans distinction de race ou de continent. C'est pourquoi l'activité économique, conduite selon ses méthodes et ses lois propres, doit s'exercer dans les limites de l'ordre moral, afin de répondre au dessein de Dieu sur l'homme " (Gaudium et spes, 64).
(58) " En même temps, les conflits sociaux se sont élargis aux dimensions du monde. La vive inquiétude qui s'est emparée des classes pauvres dans les pays en voie d'industrialisation gagne maintenant ceux dont l'économie est presque exclusivement agraire: les paysans prennent conscience, eux aussi, de leur misère imméritée. S'ajoute à cela le scandale de disparités criantes, non seulement dans la jouissance des biens, mais plus encore dans l'exercice du pouvoir... " (Populorum progressio, 9).
(59) "Le développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s'efforcent d'échapper à la faim, à la misère, aux maladies endémiques, à l'ignorance; qui cherchent une participation plus large aux fruits de la civilisation, une mise en valeur plus active de leurs qualités humaines; qui s'orientent avec décision vers leur plein épanouissement, est considéré avec attention par l'Eglise. Au lendemain du deuxième Concile œcuménique du Vatican, une prise de conscience renouvelée des exigences du message évangélique lui fait un devoir de se mettre au service des hommes pour les aider à saisir toutes les dimensions de ce grave problème et pour les convaincre de l'urgence d'une action solidaire en ce tournant décisif de l'histoire de l'humanité " (Populorum progressio, 1).
(60) " Si la poursuite du développement demande des techniciens de plus en plus nombreux, elle exige encore plus des sages de réflexion profonde, a la recherche d'un humanisme nouveau, qui permette à l'homme moderne de se retrouver lui-même, en assumant les valeurs supérieures d'amour, d'amitié, de prière et de contemplation. Ainsi pourra s'accomplir en plénitude le vrai développement, qui est le passage, pour chacun et pour tous, de conditions moins humaines à des conditions plus humaines " a (Populorum progressio, 20).
" Moins humaines: les carences matérielles de ceux qui sont privés du minimum vital, et les carences morales de ceux qui sont mutilés par l'égoïsme. Moins humaines: les structures oppressives, qu'elles proviennent des abus de la possession ou des abus du pouvoir, de l'exploitation des travailleurs ou de l'injustice des transactions. Plus humaines: la montée de la misère vers la possession du nécessaire, la victoire sur les fléaux sociaux, l'amplification des connaissances, l'acquisition de la culture. Plus humaines aussi: la considération accrue de la dignité d'autrui, l'orientation vers l'esprit de pauvreté, la coopération au bien commun, la volonté de paix. Plus humaine encore la reconnaissance par l'homme des valeurs suprêmes, et de Dieu qui en est la source et le terme. Plus humaines enfin et surtout la foi, don de Dieu accueilli par la bonne volonté de l'homme, et l'unité dans la charité du Christ qui nous appelle tous participer en fils à la vie du Dieu vivant, Père de tous les hommes " (Populorum progressio, 21).
(62) " Si, dans le présent document, nous revenons de nouveau sur ce problème (du travail humain), ..... ce n'est pas tellement pour recueillir et répéter ce qui est déjà contenu dans l'enseignement de l'Eglise, mais plutôt pour mettre en évidence... le fait que le travail humain est une clé, et probablement la, clé essentielle, de toute la question sociale, si nous essayons de la voir vraiment du point de vue de l'homme " (Laborem exercens, 3 b).
(63) " L'Eglise est convaincue que le travail constitue une dimension fondamentale de l'existence de l'homme sur la terre. Elle est confirmée dans cette conviction par la prise en compte de l'ensemble du patrimoine des multiples sciences consacrées à l'homme: l'anthropologie, la paléontologie, l'histoire, la sociologie, la psychologie, etc.; toutes semblent témoigner de cette réalité de façon irréfutable. Toutefois, l'Eglise tire cette conviction avant tout de la source qu'est la parole de Dieu révélée, et c'est pourquoi ce qui est une conviction de l'intelligence acquiert aussi le caractère d'une conviction de foi. La raison en est que l'Eglise — il vaut la peine de le noter dès maintenant — croit en l'homme: elle pense à y l'homme et s'adresse à lui, non seulement à la lumière de l'expérience historique ou avec l'aide des multiples méthodes de la connaissance, mais encore et surtout à la lumière de la parole révélée du Dieu vivant " (Laborem exercens, 4 a).
(75) " ... La communauté politique et l'Eglise sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers sont a au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes... Il est juste qu'elle puisse partout et toujours prêcher la foi avec une authentique liberté, enseigner sa doctrine sociale, accomplir sans entraves sa mission parmi les hommes, porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l'exigent, en utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l'Evangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et des situations " (Gaudium et spes, 76, 3. 5).
(78) " Le caractère social de l'homme fait apparaître qu'il y a interdépendance entre l'essor de la personne et le développement de la société elle-même.
En effet, la personne humaine qui, de par sa nature même, a absolument besoin d'une vie sociale, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions " (Gaudium et spes, 25).
(87) " II n'en reste pas moins indiscutable qu'on ne saurait ni changer ni ébranler ce principe si grave de philosophie sociale: de même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les conférer à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes ".
" L'objet naturel de toute intervention en matière sociale est d'aider les membres du corps social, et non pas de les détruire ni de les absorber " (Quadragesimo anno, 86).
(90) " En même temps que le progrès scientifique et technique continue à bouleverser le paysage de l'homme, ses modes de connaissance, de travail, de consommation et de relations, s'exprime toujours, dans des contextes ) nouveaux, une double aspiration plus vive au fur et à mesure que se développent son information et son éducation: aspiration à l'égalité, aspiration à la participation; deux formes de la dignité de l'homme et de sa liberté " (Octogesima adveniens, 22).
(93) " On ne peut parler de socialisation que si la subjectivité de la société est assurée, c'est-à-dire si chacun, du fait de son travail, a un titre plénier à se considérer en même temps comme copropriétaire du grand chantier de travail dans lequel il s'engage avec tous. Une des voies pour parvenir à cet objectif pourrait être d'associer le travail, dans la mesure du possible, à la propriété du capital, et de donner vie à une série de corps intermédiaires à finalités économiques, sociales et culturelles: ces corps jouiraient d'une autonomie effective vis à vis des pouvoirs publics; ils poursuivraient leurs objectifs spécifiques en entretenant entre eux des rapports de loyale collaboration et en se soumettant aux exigences du bien commun, ils revêtiraient la forme et la substance d'une communauté vivante. Ainsi leurs membres respectifs seraient-ils considérés et traités comme des personnes et stimulés à prendre une part active à leur vie " (Laborem exercens, 14, 7).
(100) " La vie en société... doit être considérée avant tout comme une réalité d'ordre spirituel: ... comme une aspiration commune à un constant enrichissement spirituel: les valeurs spirituelles doivent animer et orienter toutes choses: activité culturelle, vie économique, organisation sociale, mouvements et régimes politiques, législation et toute autre expression de la vie sociale dans sa continuelle évolution " (Pacem in terris, 16).
" II n'est pas difficile de constater que, dans le monde contemporain et sur une vaste échelle, le sens de la justice s'est réveillé ... L'Eglise partage avec les hommes de notre temps ce désir ardent et profond d'une vie juste à tous points de vue, et elle n'omet pas non plus de réfléchir aux divers aspects de la justice, telle que l'exige la vie des hommes et des sociétés. Le développement de la doctrine sociale catholique au cours du dernier siècle le confirme bien... Cependant, il serait difficile de ne pas percevoir que, souvent, les programmes fondés sur l'idée de justice et qui doivent servir à sa réalisation dans la vie sociale des personnes, des groupes et des sociétés humaines, subissent en pratique des déformations. Bien qu'ils continuent toujours à se réclamer de cette même idée de justice, l'expérience démontre que souvent des forces négatives, comme la rancœur, la haine, et jusqu'à la cruauté, ont pris le pas sur elle. Alors, le désir de réduire à rien l'adversaire, de limiter sa liberté, ou même de lui imposer une dépendance totale, devient le motif fondamental de l'action; et cela s'oppose à l'essence de la justice, qui, par nature, tend à établir l'égalité et l'équilibre entre les parties en conflit... L'expérience du passé et de notre temps démontre que la justice ne suffit pas à elle seule, et même qu'elle peut conduire à sa propre négation et à sa propre ruine, si on ne permet pas à cette force plus profonde qu'est l'amour de façonner la vie humaine dans ses diverses dimensions" (Dives in misericordia, 12, 1. 2. 3).
(101) " La solidarité est une exigence directe de la fraternité humaine et surnaturelle. Les graves problèmes socio-économiques qui se posent aujourd'hui ne pourront être résolus que si se créent de nouveaux fronts de solidarité: solidarité des pauvres entre eux, solidarité avec les pauvres, à laquelle les riches sont convoqués, solidarité des travailleurs avec les travailleurs " (CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA Foi, Instruction sur la Liberté chrétienne et la libération, 89).
" L'endettement des pays en développement prend place dans un ensemble plus vaste de relations économiques, politiques, technologiques qui manifestent l'interdépendance accrue des nations et la nécessité d'une concertation internationale pour poursuivre des objectifs de Bien commun. Pour être juste, cette interdépendance, au lieu de conduire à la domination des plus forts, à l'égoïsme des nations, à des inégalités et à des injustices, doit faire surgir des formes nouvelles et élargies de solidarité, qui respectent l'égale dignité de tous les peuples " (COMMISSION PONTIFICALE
" JUSTICE ET PAIX ", Au service de la communauté humaine: une approche éthique de l'endettement international, I, 1).
(102) " Ainsi, la solution de la plupart des très graves problèmes de la misère se trouve dans la promotion d'une véritable civilisation du travail. Le travail est, en quelque sorte, la clé de toute la question sociale... Si le système des rapports de travail, mis en œuvre par les protagonistes directs, travailleurs et employeurs, avec l'indispensable soutien des pouvoirs publics, réussit à donner naissance à une civilisation du travail, il se produira alors, dans la manière de voir les peuples et jusque dans les bases institutionnelles et politiques, une révolution pacifique en profondeur " (CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA Foi, Instruction sur la Liberté chrétienne et la Libération, 83).
(104) " ... A tout cela, il faut ajouter la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l'industrie et du commerce, devenus le partage d'un petit nombre de riches et d'opulents, qui imposent ainsi un joug presque servile à l'infinie multitude des prolétaires " (Rerum novarum, 2).
(106) " ... Défiances et inimitiés mutuelles, conflits et calamités s'ensuivent, dont l'homme lui-même est à la fois cause et victime " (Gaudium et spes, 8).
(107) " Le devoir de solidarité des personnes est aussi celui des peuples: " les nations développées ont le très pressant devoir d'aider les nations en voie de développement " ... Chaque peuple doit produire plus et mieux, à la fois pour donner à tous ses ressortissants un niveau de vie vraiment humain et aussi pour contribuer au développement solidaire de l'humanité. Devant l'indigence croissante des pays sous-développés, on doit considérer comme normal qu'un pays évolué consacre une partie de sa production à satisfaire leurs besoins; normal aussi qu'il forme des éducateurs, des ingénieurs, des techniciens, des savants qui mettront science et compétence à leur service " (Populorum progressio, 48).
(108) "... divers systèmes fondés sur l'idéologie ou sur le pouvoir, comme aussi de nouveaux rapports apparus aux différents niveaux de la vie sociale, ont laissé persister des injustices flagrantes ou en ont créé de nouvelles " (Laborem exercens, 8 d).
(112) "Dans le cas du marxisme, tel qu'en l'occurrence on entend l'utiliser, la critique préalable s'impose d'autant plus que la pensée de Marx constitue une conception totalisante du monde dans laquelle de nombreuses données d'observation et d'analyse descriptive sont intégrées dans une structure philosophico-idéologique, qui commande la signification et l'importance relative qu'on reconnaît. Les a priori idéologiques sont présupposés à la lecture de la réalité sociale " (CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA Foi, Instruction sur quelques aspects de la Théologie de la libération, VII, 6). " II serait illusoire et dangereux... d'accepter les éléments de l'analyse marxiste sans reconnaître leurs rapports avec l'idéologie, d'entrer dans la pratique de la lutte des classes et de son interprétation marxiste en négligeant de percevoir le type de société totalitaire et violente à laquelle conduit ce processus " (Octogesima adveniens, 34).
(113) "Aussi le chrétien qui veut vivre sa foi dans une action politique conçue comme un service, ne peut-il, sans se contredire, adhérer à des systèmes idéologiques qui s'opposent radicalement ou sur des points substantiels, à sa foi et à sa conception de l'homme: ni à l'idéologie marxiste... ni à l'idéologie libérale " (Octogesima adveniens, 26).
(117) "Dans cette approche renouvelée des diverses idéologies, le chrétien puisera aux sources de sa foi et dans l'enseignement de l'Eglise les principes et les critères opportuns pour éviter de se laisser séduire, puis enfermer, dans un système dont les limites et le totalitarisme risquent de lui apparaître trop tard s'il ne les perçoit pas dans leurs racines. Dépassant tout système, sans pour autant omettre l'engagement concret au service de ses frères, il affirmera, au sein même de ses options, la spécificité de l'apport chrétien pour une transformation positive de la société " (Octogesima adveniens, 36).
(118) "Des principes sociaux ne doivent pas seulement être exposés, mais aussi appliqués. La chose est encore plus vraie de la doctrine sociale de l'Eglise, dont la lumière est la vérité, l'objectif la justice et l'énergie principale l'amour " (Mater et Magistra, 226).
(123) " Aux laïcs reviennent en propre, quoique non exclusivement, les professions et les activités séculières... C'est à leur conscience préalablement formée, qu'il revient d'inscrire la loi divine dans la cité terrestre " (Gaudium et spes, 43).
" L'apostolat dans le milieu social s'efforce de pénétrer d'esprit chrétien la mentalité et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où chacun vit. Il est tellement le travail propre et la charge des laïcs que personne ne peut l'assumer comme il faut à leur place " (Apostolicam actuositatem, 13).
" Une des conditions du nécessaire redressement théologique est la mise en valeur de l'enseignement social de l'Eglise. Cet enseignement est nullement fermé. Il est, au contraire, ouvert à toutes les questions l nouvelles qui ne manquent pas de surgir au cours des temps... , L'enseignement de l'Eglise en matière sociale apporte les grandes orientations éthiques. Mais, pour qu'il puisse guider directement l'action, il réclame des personnalités compétentes au point de vue scientifique et technique comme dans le domaine des sciences humaines ou celui de la politique. Les pasteurs seront attentifs à la formation de telles personnalités compétentes, vivant profondément l'Evangile. Les laïcs, dont la mission propre est de construire la société, sont ici concernés au premier chef " (CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA Foi, Instruction sur quelques aspects de la Théologie de la libération, XI, 12. 14).
(127) " Aussi, il faut louer hautement le zèle d'un grand nombre des nôtres, qui se rendant parfaitement compte des besoins de l'heure présente, sondent soigneusement le terrain, pour y découvrir une voie honnête qui conduise au relèvement de la classe ouvrière. S'étant constitués les protecteurs des travailleurs, ils s'étudient à accroître leur prospérité tant familiale qu'individuelle, à régler avec équité les relations réciproques des patrons et des ouvriers, à entretenir et à affermir dans les uns et les autres le souvenir de leurs devoirs et l'observation des préceptes évangéliques " (Rerum novarum, 41).
(130) " II ne suffit pas de rappeler des principes, d'affirmer des intentions, de souligner des injustices criantes et de proférer des dénonciations prophétiques: ces paroles n'auront de poids réel que si elles s'accompagnent pour chacun d'une prise de conscience plus vive de sa propre responsabilité et d'une action effective " (Octogesima adveniens, 48).
(131) " Durant les années écoulées depuis la publication de l'encyclique Rerum novarum, la question sociale n'a pas cessé d'occuper l'attention de l'Eglise... Nous en avons le témoignage dans les documents des divers Episcopats; nous en avons le témoignage dans l'activité des différents centres de pensée et d'initiatives apostoliques concrètes, tant au niveau international qu'au niveau des Eglises locales " (Laborem exercens, 2).
(135) " L'Eglise qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d'aucune manière avec la communauté politique et n'est liée à aucun système politique, est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine... Il est juste qu'elle puisse partout et toujours prêcher la foi avec une authentique liberté, enseigner sa doctrine sociale, accomplir sans entraves sa mission parmi les hommes, porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l'exigent " (Gaudium et spes, 76).
(139) " Les fidèles laïcs ont le droit de se voir reconnaître dans le domaine de la cité terrestre la liberté qui appartient à tous les citoyens; mais dans l'exercice de cette liberté, ils auront soin d'imprégner leur action d'esprit évangélique et ils seront attentifs à la doctrine proposée par le Magistère de l'Eglise, en veillant cependant à ne pas présenter dans des questions de libre opinion leur propre point de vue comme doctrine de l'Eglise " (Code de Droit Canon, 227).
(140) " 1. Les clercs s'appliqueront toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice.
2. Ils ne prendront pas une part active dans les partis politiques ni dans la direction des associations syndicales, à moins que, au jugement de l'autorité ecclésiastique compétente, la défense des droits de l'Eglise ou la promotion du bien commun ne le requièrent " (Code de Droit Canon, 287).
(145) " C'est avec tout son dynamisme que l'enseignement social de l'Eglise accompagne les hommes dans leur recherche. S'il n'intervient pas pour authentifier une structure donnée ou pour proposer un modèle préfabriqué, il ne se limite pas non plus à rappeler quelques principes généraux: il se développe par une réflexion menée au contact des situations changeantes de ce monde, sous l'impulsion de l'Evangile comme source de renouveau, dès lors que son message est accepté dans sa totalité et dans ses exigences " (Octogesima adveniens, 42).
(146) " Que, dans la pastorale, on ait une connaissance suffisante non seulement des principes de la théologie, mais aussi des découvertes scientifiques y profanes, notamment de la psychologie et de la sociologie " (Gaudium et spes, 62).
" On leur apprendra aussi à utiliser, selon de justes méthodes et en accord avec les règles posées par l'autorité ecclésiastique, l'apport des disciplines pédagogiques, psychologiques et sociologiques " (Optatam totius, 20).
(148) " Bien qu'au séminaire toute la formation des étudiants poursuive une fin pastorale, il y aura une formation spécifiquement pastorale; les séminaristes y apprendront les principes et les méthodes qui, en tenant compte des besoins de lieux et de temps, touchent à la pratique du ministère de l'enseignement, de la sanctification et du gouvernement du peuple de Dieu " (Code de Droit Canon, 255).
(150) " Quant aux évêques, qui ont reçu la charge de diriger l'Eglise de Dieu, qu'ils prêchent avec leurs prêtres le message du Christ de telle façon que toutes les activités terrestres des fidèles puissent être baignées de la lumière de l'Evangile " (Gaudium et spes, 43).
(151) " En outre, que tous les pasteurs se souviennent que, par leur comportement quotidien et leur sollicitude, ils manifestent au monde un visage de l'Eglise, d'après lequel les hommes jugent de la force et de la vérité du message chrétien " (Gaudium et spes, 43).
" C'est à travers la vie qu'il faut vérifier la fécondité de la doctrine sociale chrétienne; c'est à travers l'engagement concret, le témoignage du travail, l'action de promotion, qu'il faut rayonner sur les autres la lumière bienfaisante de l'Evangile " (JEAN-PAUL II, La célébration de l'anniversaire de " Rerum novarum ", 3).