L’autonomisation de la femme passe aussi par sa participation aux instances de prises de décisions.
(Flash Special, Bulletin d'information et de formation, n. 03 de mars 2015)
Au niveau international, le thème retenu l’année passée était : « les défis et réalisations dans la mise en œuvre des objectifs du millénaire pour le développement », un thème qui avait tout son sens à l’égard de tous les Etats (dont la RDC), qui avaient souscrit à la déclaration du millénaire pour le développement depuis l’an 2000. Les Etats avaient pris l’engagement d’atteindre au moins 80% de réalisation de 8 objectifs du millénaire pour le développement. Le troisième objectif du millénaire s’intitule « promouvoir l’égalité de sexes et l’autonomisation de la femme ».
La RDC quant à elle avait retenu comme thème : « ensemble contre les violences faites aux femmes et filles en consolidant la paix et la justice pour le développement en RDC. Quel est ce rapport d’évaluation que le gouvernement provincial a fait de ce thème ?
Le mois de la femme de cette année 2015 est une grande opportunité pour les femmes. En effet, la Commission Electorale Nationale Indépendante a publié en date du 12 février 2015, un calendrier électoral global reprenant tous les types de scrutins en commençant par les élections locales jusqu’ aux présidentielles.
Pour cette année, le thème retenu c’est encore l’autonomisation de la femme, autonomisation de l’humanité. Nous pensons que l’autonomisation de la femme passe également par sa participation aux instances de prises de décisions à tous les niveaux.
En 2012, le gouvernement national en RDC avait publié un rapport sur les réalisations des objectifs du millénaire qui devraient être atteints cette année. Pour rappel les 8 objectifs du millénaire pour le développement sont les suivants : réduire l’extrême pauvreté dans le monde, assurer l’éducation primaire à tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé de la mère, combattre le VIH Sida et enfin assurer un environnement durable.
Trois de ces 8 objectifs concernent directement la femme comme poumon de l’humanité, malheureusement, bien qu’elle donne et protège la vie, la femme a souvent été victime de discrimination presque dans tous les domaines de la vie publique, sociale et économique.
Selon le rapport produit par la RDC sur les réalisations de ces objectifs du millénaire de 2000 à 2012, s’agissant des réalisations du 3ème objectif sur l’autonomisation de la femme et l’égalité des sexes, on peut noter que l’accroissement du taux d’admission scolaire observé dans l’ensemble du pays entre 2010 et 2012 est presque équitablement réparti entre garçons et filles avec respectivement 15% et 16%. L’indice de parité des genres pour la scolarisation au niveau national, est resté presque invariable depuis 2010 et se situe en 2012 à 0,87 pour le primaire, 0,59 pour le secondaire et 0,48 pour le supérieur. Au niveau primaire, le ratio fille/garçon dans la ville de Kinshasa a atteint 1,01, soit un niveau supérieur à la cible de 1,0. Le rapport homme/femme en matière d’alphabétisation est favorable aux hommes. En 2012, il y a 72,0% de femmes alphabétisées contre 88,2% d’hommes sur l’ensemble du territoire, soit un ratio de 0,82. Cette inégalité est observée aussi dans toutes les provinces. En matière d’autonomisation de la femme, en majorité occupée dans le secteur agricole, la réalisation de la cible en 2015 de 50 % des femmes salariées dans le secteur agricole est impossible. En 2012, le pourcentage de ces femmes est en nette régression et se situe à 21,9% contre 34,4% en 2007.
La femme reste toujours largement sous-représentée dans les institutions de décision, avec 9,8% de sièges occupés au Parlement pour la législature de 2011-2016 contre 8,4% en 2006-2011. En moyenne, l’indice de la condition de la femme (ICF) est de 0,49 contre la cible de 1 souhaitée en 2015. La situation est la même au niveau des provinces. En plus, il n’y a eu aucune femme élue au Parlement dans le Maniema tant en 2006 et qu’en 2011. En moyenne, l’Indice de la condition de la femme (ICF) est de 0,49 contre la cible de 1 souhaitée en 2015 sera impossible.[1]
Comme on le voit bien, bien d’efforts doivent être fournis par les uns et les autres pour que les femmes soient représentées dans les institutions de prises de décisions à tous les niveaux.
Les élections prochaines sont une véritable porte pour la représentativité de femmes dans les organes délibérants, du conseil de chefferie à l’assemblée nationale, les femmes doivent être présentes en raflant autant de voix afin d’améliorer le score de 2006 et 2011.
Bientôt les femmes dites « intellectuelles, leaders », débarqueront dans les villages avec la pacotille, les pagnes, les poissons salés pour forcer la conscience des autres à les voter. Elles réveilleront sans honte les démons identitaires : tribus, langue, religion …pour s’allier et rentrer à nouveau en ville une fois réélue prenant la parole au nom des gens qu’elles ne consultent pas et ne respectent pas. Sur ce point, les hommes sont tout autant concernés.
Aussi longtemps que ce manque de respect et de bons sens ne sera pas affiché par nos mamans candidates, les autres ne le voteront jamais et aucun discours de parité ne passera….
Flash ne plaide pas pour les femmes seulement mais il faut que tous les candidats « rentrent » sentir « l’odeur des brebis » dans leurs états majors et se présentent avec un véritable programme reflétant un contrat social à tous les niveaux : parité ne signifie pas d’aligner les gens sur base de leurs sexes seulement mais sur base de leur compétence et dignité.
Chères Mamans : bonne fête et que tout le monde respecte votre dignité de mère et de fille de tous ces villages congolais.
[1] RDC, Rapport national sur les OMD, évaluation des progrès accomplis par la RDC dans l’accomplissement des objectifs du millénaire pour le développement en 2012, p 19.